Le mai de Passerose
Passerose était si jolie, que nul ne savait si ce nom de fleur était le sien, ou bien un sobriquet. Elle aidait sa mère à broder des dentelles, et Mme Marguerite de Montmorency, l'épouse du haut et puissant duc de Ventadour, s'arrêtait parfois, lorsqu'elle passait dans les rues de sa bonne ville de Lavoulte, pour regarder les doigts agiles de la fillette tracer des fleurs et des rinceaux sur le tulle fin de son métier. Passerose grandissait, paisible et travailleuse, dans la maisonnette au bord du Rhône.
Son père, Me Gilles, le pêcheur en titre du château ducal, apportait le nécessaire dans l'humble logis; la mère et la fille y ajoutaient presque l'aisance. Un soir, la barque de Me Gilles fut emportée par une crue subite. La mère tomba malade; les chèvres furent volées.
Extrait de: Le mai de Passerose, B. d'Entrevaux, ill. Maurice Berty, dans La Semaine de Suzette (1927)